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Evelyne

Bâtir la résilience

Après quatre semaines de distanciation physique pour la pandémie de COVID-19, je me souviens de la dernière grande crise qui a soudainement changé ma vie quotidienne. J'étais adolescente lorsque la tempête de verglas de janvier 1998 a ravagé le sud-est du Canada, nous laissant sans électricité pendant 29 jours.

Photo de la tempête de verglas prise par Dan Mark (Archives Hemmingford)

Comme beaucoup de foyers dans le Québec rural, notre maison était chauffée avec des plinthes électriques et notre eau provenait d'un puits. La perte d'électricité signifiait l’interruption du chauffage et de l’eau courante. Heureusement, nous avions un poêle à bois comme chauffage d'appoint, alors nous avons gardé un feu allumé et dormi près du foyer. L'eau pour le lavage était tirée de la rivière et l'eau potable était achetée et utilisée avec parcimonie. Toute l'énergie nécessaire pour nous garder au chaud et propres, qui était auparavant fournie de manière invisible par les thermostats et la pompe du puits, est devenue soudainement tangible lorsque nous avons dû aller chercher nous-mêmes chaque bûche et chaque seau d'eau. Les crises mettent en lumière la manière dont nous répondons à nos besoins les plus fondamentaux et l’abri que nos maisons nous fournissent.


Atténuation et adaptation


Lorsque nous pensons à la relation entre les bâtiments et les changements climatiques, nous avons tendance à nous concentrer sur l'atténuation des changements climatiques en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Les bâtiments ont également un rôle à jouer dans notre adaptation aux réalités d'un climat altéré, avec des événements météorologiques extrêmes plus fréquents.


Le Toronto Zero Emissions Building Framework (TZEBF) est la première politique qui a attiré mon attention sur le lien entre la résilience du cadre bâti et la santé publique. La ville a reconnu que si une tempête hivernale provoque une panne d'électricité prolongée, il existe une corrélation directe entre l'efficacité énergétique des bâtiments et la possibilité pour les gens de s'abriter en toute sécurité dans leur maison. Si les températures intérieures chutent trop à cause d'une mauvaise isolation et de fuites d'air, il faut évacuer un grand nombre de personnes, ce qui peut dépasser la capacité du système d'intervention d'urgence de la ville. L'importance de l'atténuation et de l'adaptation aux changements climatiques est évidente dans les trois objectifs du TZEBF : la réduction des émissions de GES, l’amélioration de l'efficacité énergétique et la résilience des bâtiments.

Extrait du Toronto Zero Emissions Buildings Framework, traduit par E. Bouchard

S’abriter sur place


Afin d'évaluer la résilience des bâtiments, le TZEBF inclut des simulations des températures intérieures dans des immeubles multi-résidentiels de faible hauteur et de grande hauteur après des pannes d’électricité de 72 heures et de deux semaines. Le TZEBF définit quatre niveaux d'efficacité énergétique. Le niveau d’efficacité le plus ambitieux a une intensité de demande d'énergie thermique (TEDI) de 15 kWh/m2a, comme la norme Maisons Passive. Après deux semaines sans chauffage fonctionnel en plein hiver, la température intérieure de l’immeuble de grande hauteur est de 18,3 °C. En comparaison, le même bâtiment conçu selon les exigences minimales du Code de la construction actuel serait 9,9 °C après 72 heures et à 0,9 °C après deux semaines.


Le bâtiment de faible hauteur a une température intérieure plus basse après les pannes simulées, ce qui est prévisible car son rapport surface/volume est plus faible et ses gains de chaleur internes sont plus faibles car il est moins densément peuplé. Il ferait quand même assez chaud pour permettre aux gens de s'abriter sur place pendant une panne de trois jours, et il y aurait moins de risque de dommages dus au gel des tuyaux, même après deux semaines sans électricité. Des informations détaillées sur les simulations, ainsi que des informations sur les coûts de l'efficacité énergétique, sont disponibles ici (en anglais uniquement).


Photo de la tempête de verglas prise par Dan Mark (Archives Hemmingford)

Conclusion


L'utilisation de stratégies passives dans les bâtiments pour réduire de manière drastique l'énergie nécessaire au chauffage signifie que les personnes peuvent s'abriter sur place en toute sécurité en cas de panne de courant, et qu'un système d'alimentation de secours de taille modeste peut maintenir le bâtiment opérationnel puisqu'il n'a pas besoin de compenser les pertes de chaleur excessives.


Des événements extrêmes comme la tempête de verglas de 1998 ou la pandémie COVID-19 modifient nos habitudes quotidiennes et nous rendent plus conscients de notre consommation, qu'il s'agisse de maintenir un feu pendant une panne de courant ou de faire notre épicerie en minimisant nos interactions avec le monde extérieur. Une période de crise est l'occasion de se recentrer sur ce qui est vraiment essentiel. Si nous réduisons collectivement notre consommation, les ressources peuvent être partagées plus équitablement et la communauté entière est plus résiliente.

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